Association Médiévale Romande - Valorisation du patrimoine médiéval suisse romand

La bataille d’Azincourt, 25 octobre 1415

1.2. La guerre de Cent Ans : rappel des faits

Les origines profondes de la guerre de Cent Ans se trouvent en 1066. En effet, Guillaume le Conquérant, un Normand, envahit l’Angleterre, ce qui provoque la naissance de l’Etat anglo-normand. Son territoire va « s’accroître encore au XIIe siècle des terres d’Anjou et d’Aquitaine et devenir une grave menace pour le roi de France »[1]. En 1152, Aliénor, duchesse d’Aquitaine, « répudiée par le roi de France Louis VII », épouse Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre[2]. De 1159 à 1259, un premier conflit dynastique a lieu entre Plantagenêts rois d’Angleterre, et Capétiens, rois de France ; le traité de Paris stipule que le roi d’Angleterre recouvre quelques terrains mais devra rendre un hommage vassal au roi de France[3]. Le roi d’Angleterre accepte difficilement cette obligation[4] et deux guerres de Guyenne, nouveau nom de l’Aquitaine, se déclenchent en 1294 et 1324[5]. En 1328, Charles IV, roi de France et dernier des Capet, meurt « sans laisser d’héritier mâle »[6]. Or, la loi salique, appliquée à partir du IVe siècle par les Francs, met sur le trône le premier roi de France Valois, Philippe VI, car il est considéré le plus proche parent par les mâles[7]. Mais en 1337, Édouard III, petit-fils de Philippe IV, plus proche par les femmes, conteste à nouveau[8] le trône de France à Philippe VI, neveu de Philippe IV[9]. Philippe VI confisque le duché de Guyenne, ce qui marque le véritable commencement de la guerre de Cent Ans[10].

Si les deux royaumes au début de la guerre sont équivalents sur bien des aspects[11], la première phase de la guerre est clairement à l’avantage du roi d’Angleterre[12]. En 1340, Edouard III gagne la bataille navale de l’Ecluse en Flandre française, en annihilant la marine française réunie pour l’invasion de l’Angleterre[13]. Et en 1346-47, Edouard III gagne la bataille de Crécy-en-Ponthieu et prend Calais[14]. « La Grande Peste de 1348 prolongera l’arrêt des opérations jusqu’en 1355 […] »[15]. Mais en 1356, à la bataille de Poitiers, Jean II, roi de France, est défait et se retrouve prisonnier du Prince Noir, fils d’Édouard III ; « Charles le dauphin devient régent »[16]. En 1360, « le traité de Brétigny  libère Jean II contre des otages et une forte rançon », Édouard III reçoit des territoires, entière autorité sur ceux-ci et renonce au royaume de France[17].

Une paix durable apparaît possible, mais les engagements sont mal respectés et la plainte au roi de France en 1369 du Comte d’Armagnac, surchargé d’impôts par son suzerain de Galles, déclenche à nouveau la guerre ; c’est une série de victoires françaises[18]. Puis, devant les grands troubles dans les deux royaumes et les revers anglais, les trêves se succèdent de 1388 à 1404[19]. En 1392, Charles VI est victime d’une crise de folie ; une lutte de pouvoir en résulte, et le frère du roi, Louis d’Orléans, finit par faire autorité dans le royaume[20].

Richard II, roi d’Angleterre, veut cesser la guerre[21]. Mais une série d’entraves se hisse contre la fin du conflit et « en 1404, […] les Français reprirent les hostilités. »[22]. On assiste alors à une suite de victoires anglaises. En 1407, avec le meurtre de Louis d’Orléans sur le commandement de Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, la « guerre civile » commence entre les Orléans-Armagnacs et la Bourgogne[23]. En 1415, Henri V, roi d’Angleterre, un Lancastre, réaffirme les velléités de ses prédécesseurs pour conforter le récent pouvoir de sa dynastie « sur le trône anglais » ; Harfleur est prise et la bataille d’Azincourt est une catastrophe pour les Français[24]. En 1419, l’assassinat de Jean sans Peur par des partisans du dauphin lié aux Armagnacs provoque l’alliance de la Bourgogne avec Henri V[25]. En 1420, le traité de Troyes stipule qu’Henri V épouse Catherine de France, fille de Charles VI, et devient régent du royaume de France « avant de succéder à Charles VI »[26]. En 1422, il y a les morts successives de Charles VI et d’Henri V ; au détriment du dauphin Charles et selon le traité de Troyes, Henri VI d’Angleterre, âgé d’un an, est choisi par la majorité de la cour pour le trône de France ; la régence est assurée par son oncle le duc de Bedford[27].

Le royaume de France est donc dirigé par les Anglais, mais en 1429, Jeanne d’Arc libère Orléans du siège anglais, ce qui est « sur le plan militaire et psychologique […] décisif » et Charles VII est sacré roi à Reims[28]. En 1435, « par le traité d’Arras, Charles VII, qui se repent du meurtre du duc Jean sans Peur, se réconcilie avec la Bourgogne. De nombreuses villes, dont Paris en 1436, se rallient »[29] au roi. En 1444, la trêve de Tours est signée[30]. En 1450, les Anglais quittent la Normandie après la bataille de Formigny ; en 1453, Charles VII fait évacuer les Anglais de Guyenne avec la bataille de Castillon et de Bordeaux ; Calais est le dernier territoire qui n’est pas sous contrôle de la France[31]. C’est la fin de la guerre de Cent Ans. En 1475, Édouard IV, roi d’Angleterre, arrive à Calais avec des troupes, mais Louis XI, roi de France, le convainc de rentrer en Angleterre[32]. On a échappé au prolongement de la guerre de Cent Ans.

[1] BOUSSARD Jacques, « GUILLAUME LE CONQUERANT (1027 env. -1087) », Encyclopædia Universalis [en ligne].
[2] LE GOFF Jacques, « GUERRE DE CENT ANS », Encyclopædia Universalis [en ligne].
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[5] ALLMAND C. T., La guerre de Cent Ans. L’Angleterre et la France en guerre 1300-1450, CLER Christian (trad.), Paris : Payot, 1989 (éd. originale anglaise 1988), (Histoire), p. 275.
[6] GOURDON Vincent, « GUERRE DE CENT ANS - (repères chronologiques) », Encyclopædia Universalis [en ligne].
[7] ALLMAND, La guerre de Cent Ans, op. cit., p. 275. Cependant, Le Goff dans LE GOFF, art. cit., explique que cette raison « a été évoquée bien plus tard », et que c’est plutôt par choix relativement arbitraire de la cour que cette décision de succession a d’abord été prise.
[8] LE GOFF, art. cit.
[9] GOURDON, art. cit.
[10] ALLMAND, La guerre de Cent Ans, op. cit., p. 275.
[11] Philippe Contamine cité par LE GOFF, art. cit.
[12] LE GOFF, art. cit.
[13] MOLLAT DU JOURDIN Michel, La guerre de Cent Ans vue par ceux qui l’ont vécue, Paris : Seuil, 1992 (éd. originale néerlandaise 1975), (Points. Histoire), p. 28-29.
[14] Ibid. p. 29.
[15] LE GOFF, art. cit.
[16] GOURDON, art. cit.
[17] Ibid.
[18] LE GOFF, art. cit.
[19] Ibid.
[20] GOURDON, art. cit.
[21] LE GOFF, art. cit.
[22] Ibid.
[23] GOURDON, art. cit.
[24] Ibid.
[25] Ibid.
[26] LE GOFF, art. cit.
[27] GOURDON, art. cit.
[28] LE GOFF, art. cit.
[29] GOURDON, art. cit.
[30] ALLMAND, La guerre de Cent Ans, op. cit., p. 276-277.
[31] GOURDON, art. cit.
[32] ALLMAND, La guerre de Cent Ans, op. cit., p. 277.

Pages: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13