Association Médiévale Romande - Valorisation du patrimoine médiéval suisse romand

La bataille d’Azincourt, 25 octobre 1415

3. Conclusion

Ainsi, la guerre de Cent Ans apparaît comme un conflit complexe, et une analyse de la bataille d’Azincourt, un de ses moments importants, est loin d’être évidente. La confrontation des différentes sources ressort qu’il est difficile de se faire une idée précise des effectifs en présence, car les variations sont grande. Cependant, ces dernières s’accordent en général sur une supériorité numérique française, également admises par les historien·ne·s, même si le ratio exact est toujours soumis à controverse. Au-delà du nombre, les armées françaises et anglaises se différencient par le composition typologique et sociale, puisque si la noblesse domine chez les premiers, les seconds laissent une place plus importantes aux archers issus des classes populaires. La typologie des combattants n’est pas chose aisée non plus, il semblerait que les chroniques n’attachent pas trop d’importance à cet aspect, qui est présent surtout lors de l’évocation des effectifs, cependant, il est tout de même possible de découvrir quelques catégories générales et sous-catégories qui permettent de distinguer par exemple arbalétriers et archers, qui d’ailleurs n’étaient pas distribués pareillement selon les armées. Le récit du précédent de la bataille pour ce qui est de ses grandes lignes n’est pas excessivement ardu, cependant lorsqu’il s’agit d’éléments plus détaillés, des motivations et de la prise de décision du roi Henri V par exemple, la mise en relation des sources est déjà plus corsée.

La narration de la bataille respecte la même loi ; en effet, lorsque la violence se déchaîne sur le champ de bataille, la réalité de son déroulement se brouille, les sources tentent bien de suivre le mouvement, mais la bataille est récalcitrante à une histoire totale. Pour ce qui est du bilan funèbre, le dénombrement des décès est du même acabit que celui du dénombrement des vivants au départ de la bataille, peut-être même est-il encore plus difficile, car il faut déjà s’entendre sur les vivants pour connaître les morts et les disparitions non funestes, telle la fuite et la désertion peuvent encore troubler cet état des lieux ; les sources s’entendent tout de même sur le fait que les Français sont morts massivement et beaucoup plus que les Anglais, qui n’ont essuyé que relativement peu de perte. En outre, les prisonniers sont encore une autre catégorie également complexe à estimer. Les archers anglais comme grands vainqueurs d’Azincourt est une idée souvent mise en avant par la littérature secondaire, les sources ne sont pas non plus en reste pour mettre ce thème sur le devant de la scène, il s’agit d’un élément principal de la bataille. Cependant, la recherche la plus actuelle met en doute les flèches, la tactique des pieux et la boue, comme seules explications de la bataille. La mauvaise qualité du commandement français, l’arrogance des chevaliers français est aussi un thème fort de cette bataille ; les Français ont des conflits intestins qui empêche une cohésion armée, le commandement est divisé et laissé à des nobles qui ont trop peu de compétences, la motivation des troupes n’est pas au beau fixe, autant de clés de compréhension du dénouement d’Azincourt, mais est-ce vraiment ainsi, les sources n’ont-elles pas cherché des boucs-émissaires, fallait-il un coupable ? Aussi, si nous avons une certaine esquisse qui contient du vrai, ce dessin d’un commandement hautement incompétent est critiquable.

Pour conclure, ce travail nous aura permis de dégager quelques éléments de réflexion intéressants sur cette bataille d’envergure, et nous avons trouvé des éléments de réponse à la plupart de nos questionnements de départ. Cependant, il est vrai que sur des questions très complexes comme, par exemple, celle des causes de la défaite française, sont très ardues du fait qu’il y a d’innombrables facteurs rentrants en ligne de compte et que même en les traitant tous, il est très difficile de savoir le poids effectif de ceux-ci. Au final, sur les raisons du résultat de la bataille d’Azincourt, nous nous insérons dans une tradition de question ouverte, comme le fait Allmand à ce sujet[1]. Les historiens ne sont pas d’accord, et de fait, il y a énormément d’explications possibles : chance, stratégie, terrain, archers supérieurs aux cavaliers, discipline, leadership, etc. On ne saura probablement jamais avec certitude pourquoi les Français ont perdu, les éléments sont trop nombreux à prendre en compte.

[1] ALLMAND, « Henri V and the Hundred Year War » in CURRY et MERCER, op. cit. p. 16.

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