Association Médiévale Romande - Valorisation du patrimoine médiéval suisse romand

Entretien avec les Gardiens du Fleuve

Interview avec les Gardiens du Fleuve, à l’occasion du stage de glíma des 24 et 25 octobre 2015. Nous les remercions infiniment pour le temps qu’ils nous ont consacré.

Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ce qu’est la glíma ?

La Glíma est une ancienne forme de lutte. Dans sa version codifiée, le but est d’être debout face à son adversaire au sol, mais hors de sa portée, afin de remporter le combat. Elle était pratiquée dans l’optique de survivre lors d’une bataille, avec ou sans armes. Elle permettait également l’entraînement à la guerre. C’est pour cela qu’elle est simple au niveau des règles, et efficace au niveau des techniques.

Sur quelles sources vous basez-vous pour pratiquer cette discipline ?

La Glíma est citée dans les sagas, notamment l’Edda. Elle a perduré en Islande, mais elle a failli s’y éteindre dans les années 1980. C’est à cette période que Lars Magnar Enoksen, le président de la Viking Glíma Federation, est allé apprendre cet art au près des derniers anciens qui le pratiquait encore.

Contrairement à d’autres arts martiaux anciens, la glíma ne semble pas avoir connu de rupture au cours des siècles. Est-ce exact, et si oui, quelles en sont à votre avis les raisons ?

C’est exact, la Glíma s’est perpétuée sans rupture au cours des siècles. Cela s’explique par différents facteurs. Premièrement elle n’était pas réservée à une élite aristocratique, sa pratique était donc largement répandue dans toute la Scandinavie à l’époque Viking. Lorsque l’Islande fût colonisée, la Glíma y fût importée. C’est là bas qu’elle a survécu aux siècles, grâce à l’isolement géographique et aux fortes racines culturelles de l’île, en partie préservée des influences extérieures.

Qu’est-ce qui différencie la lutte viking d’autres types de lutte ?

Dans sa version historique, c’est une lutte moins réglementée que les différentes luttes modernes. On y trouve une efficacité et une simplicité qui vient de son caractère guerrier et fonctionnel originel, sans fioritures ni système de points qui n’avait aucune utilité dans le contexte martial de l’époque.

Quelles sont les qualités physiques requises pour la glíma ?

De l’endurance, de l’agilité, de la force. Mais le plus important est le mental, dans ce type de combat.

Vous organisez régulièrement des stages de glíma chez vous, dans le Valais. A quel public s’adressent-ils (débutants, lutteurs expérimentés, reconstituteurs, etc.) ?

Ils s’adressent à tout un chacun, du lutteur expérimenté au débutant qui n’a jamais lutté. Il n’est pas nécessaire d’être féru d’histoire pour s’y intéresser, même si la majorité de nos participants sont intéressé par la reconstitution de près ou de loin.

Quels sont les plus grands défis dans l’organisation d’un évènement de ce genre ?

C’est malheureux à dire, mais c’est généralement le manque d’engouement du publique qui est notre plus grand défi. Sans publicités insistantes, on peine à remplir une salle de lutte, et c’est dès lors le financement qui devient problématique.

En plus des ateliers, le stage propose une conférence du suédois Lars Magnar Enoksen. Pouvez-vous présenter brièvement le personnage et son importance pour la communauté de la glíma ?

Lars Magnar Enoksen est le président de la fédération de Glíma historique, la Viking Glíma Federation, qui est reconnue par la fédération sportive de Suède. Il a écrit plusieurs ouvrages sur la Glíma et sur les runes, et c’est grace à lui qu’on a la chance de pouvoir pratiquer la Glíma encore aujourd’hui, grâce à son travail de recherche et de sauvegarde effectué sur le terrain notamment en Islande.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite commencer la lutte viking ? Peut-on pratiquer cette discipline en Suisse romande ?

Il faut avant tout avoir une bonne condition physique générale pour pouvoir espérer lutter efficacement. Nous pratiquons régulièrement la Glíma en Valais en dehors de notre stage annuel, et somme reconnu par la Viking Glíma Federation. Les personnes intéressées peuvent donc nous contacter.

Question à plusieurs participants novices – Comment avez-vous entendu parler de la lutte viking, et qu’est-ce qui vous a motivé·e à venir découvrir cette discipline lors de ce stage ?

Victor : C’était mon premier stage. J’ai entendu parler de la Glima dans mon clan viking, je fais aussi un peu de reconstitution. Ce qui m’a motivé à venir à ce stage, c’est la renommée de Lars, le fait que ce soit pas loin de là où j’habite ( Grenoble ), et je voulais apporter quelque chose à mon clan, comme la lutte est une activité pas chère à pratiquer ( pas besoin de tout l’équipement du combat ) et peu connue du public, j’ai voulu tester.

Arnaud : J’ai tout simplement entendu parlé de la lutte Viking grâce au Gardiens du fleuve avant d’en faire partie, j’ai entendu parler du stage quand je venais aux entraînements ouvert. Me suis inscrit au stage l’année passée pour voir ce qu’il en était. C’est la 1ère fois que j’ai pratiqué de la Glima

Questions à des pratiquants réguliers – Pour vous qui êtes déjà expérimentés en glíma, que vous apporte une rencontre comme celle-ci ?

David : C’est le 4ème stage auquel je participe. Ayant déjà une expérience dans la glima, cette rencontre m’a permis de revoir un peu les bases mais surtout de revoir différentes prises pour mettre à terre son adversaire. Cela m’a fait du bien car je n’avais malheureusement pas pu venir au stage 2014, et je n’avais quasiment pas pratiquer la glima depuis un long moment. Et la conférence m’a permis d’augmenter mes connaissances aux sujet des runes et des galdres. En bref un super stage!!

Aurélie : 2 participations, Par les Gardiens du fleuve avant de faire partie de la troupe.
Nouvelles connaissances (techniques en glima, conférence), repousser mes limites, prendre confiance en mes capacités notamment au niveau de l’hostilisation, confiance en soi.

Quel est votre meilleur souvenir de ce weekend ?

Sans souvenir particulier, le stage de 2015 en lui-même restera comme une très belle édition, avec un très bon niveau d’implication de la part de tout le monde, une ambiance de combat intense, mais amicale et respectueuse.